Photomatons

Sylvain Prudhomme

« Début 2020, une galerie d’art m’a passé commande, comme à une trentaine d’artistes, d’un autoportrait. Sur la page d’un carnet, j’ai tracé un mince rectangle, de la taille d’une photo d’identité. Je l’ai rempli très vite, de caractères très petits, très serrés. Photomaton d’un matin, le 28 février 2020, à 8h56. J’ai été surpris de voir que j’aimais ça : ramasser la matière d’un instant. Tenter de la fixer. M’efforcer de faire que, chaque jour ou presque, quelque chose dans le cadre se révèle. J’ai tracé d’autres rectangles, sur d’autres pages. J’ai continué pendant une semaine d’abord. Puis pendant tous les mois qui ont suivi. »
S. P.

 

Autoportraits en champ-contrechamp, les photomatons de Sylvain Prudhomme enregistrent les flux et les reflux de l’énergie, la croissance ou le repli de la joie. Marée haute, marée basse de nos humeurs. Mais il ne s’agit pas de subir : écriture active, la phrase instantanée possède la vertu de produire cette joie, dans l’élan de son tracé, en équilibre instable. Qui sait ce qui sera écrit ? Élan cadré pourtant, et qu’il faut mesurer, au moment où on le prend, pour parcourir de la plume l’espace vide : l’exercice du photomaton permet aussi de donner forme à un instant, de faire le point.

Point dont on a bougé aussitôt qu’on l’a fait.

Entre la poésie, le journal intime, et l’essai au sens premier du terme, les photomatons naissent des « choses de la vie » : il n’est pas anodin que le titre du film de Claude Sautet apparaisse dans le livre.

La robinsonnade d’une famille confinée, l’écriture du voyage ; l’amour et l’amitié, la solitude ; un projet de navigation à la voile sur la route d’Ulysse, un bateau qu’on conduit, ravi, dans le petit temps : c’est la même aventure.

format 200 x 150 / 252 pages / ISBN 978-2-9566481-4-7

20,00